La France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 dans le cadre de l’Accord de Paris de 2015. La SNBC, adoptée en 2015 et révisée en 2020, constitue le plan stratégique de la France pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Ce plan est essentiel pour répondre à l'urgence climatique mondiale et préserver l’avenir des générations futures.
La SNBC-2 renforce les objectifs fixés dans la première version en tenant compte des avancées technologiques et des nouveaux défis, tout en se basant sur des trajectoires précises pour différents secteurs économiques. Le chemin vers la neutralité carbone est balisé par des budgets carbone quinquennaux, qui fixent des plafonds d’émissions de GES, et des mesures qui touchent tous les secteurs économiques, du transport à l’industrie, en passant par le bâtiment et l’agriculture.
Objectifs et budgets carbone
Réduction des émissions de gaz à effet de serre
La SNBC-2 prévoit une réduction drastique des émissions de GES dans les prochaines décennies. Cette réduction se mesure à travers cinq budgets carbone successifs couvrant des périodes de cinq ans chacun. Chaque budget fixe un plafond d'émissions à ne pas dépasser, avec un découpage par secteur pour mieux cibler les actions à entreprendre.
Pour les premiers budgets carbone, la réduction cible des émissions d'environ 30 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990, pour atteindre une baisse de 75 % d’ici 2050. Ces objectifs sont fondés sur l’idée d’une transformation structurelle de l'économie, à travers des réformes profondes dans les secteurs clés.
Secteurs prioritaires
Énergie : Un des leviers majeurs de la réduction des émissions est la décarbonation du secteur de l’énergie. La transition énergétique vise à remplacer progressivement les sources d’énergies fossiles par des énergies renouvelables comme l’éolien, le solaire et la biomasse. En complément, l’énergie nucléaire joue également un rôle important dans cette stratégie, notamment pour garantir la stabilité du réseau tout en réduisant la dépendance aux énergies fossiles.
Transports : Le secteur des transports est responsable d'une grande part des émissions françaises de GES. L’objectif est de favoriser des alternatives propres comme l’électrification des véhicules, le développement des transports publics et l’incitation à l’usage des modes de transport doux, tels que le vélo. La réduction de la demande en transport par une meilleure planification urbaine est aussi envisagée.
Bâtiments : La rénovation thermique des bâtiments est essentielle pour réduire les consommations d’énergie. L’objectif est de rénover massivement le parc immobilier, notamment les logements classés comme passoires thermiques, en les isolant mieux et en recourant à des systèmes de chauffage plus performants.
Industrie et agriculture : Dans l'industrie, des processus plus économes en énergie doivent être mis en place, notamment dans les secteurs lourds comme la sidérurgie et la cimenterie. L’agriculture, quant à elle, doit opter pour des pratiques plus durables, telles que l’agroécologie, qui favorise des cycles biologiques plus respectueux de l’environnement tout en améliorant la captation du carbone par les sols.
Les leviers d’action de la SNBC
Décarbonation de la production énergétique
La transition énergétique représente l’une des principales actions dans la SNBC. Le secteur de l’énergie est responsable d’une large part des émissions de GES, et il est nécessaire de réduire l'utilisation d’énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) au profit de sources d'énergie renouvelable. L’objectif est également de renforcer la part de l’énergie nucléaire dans le mix énergétique français pour limiter les fluctuations tout en assurant une production d’électricité bas-carbone.
Sobriété énergétique et efficacité
La sobriété énergétique est un concept clé de la SNBC. Il s’agit de réduire les consommations d’énergie à tous les niveaux de la société, tant au niveau des ménages que des entreprises et des industries. Pour cela, des pratiques plus efficientes doivent être adoptées : recours à des équipements plus performants, meilleure gestion des ressources, développement d’une économie circulaire. Le rôle des technologies numériques dans la gestion et l’optimisation de l’énergie est également mis en avant.
Capture et stockage du carbone
Bien que la réduction des émissions soit primordiale, il est également nécessaire d'augmenter la capacité de la France à capter et stocker du carbone. La gestion durable des forêts, l’accroissement des surfaces boisées et le développement de technologies de capture du CO₂ à la source (dans les industries polluantes) figurent parmi les stratégies pour augmenter les puits de carbone.
Bénéfices attendus de la transition
Bénéfices économiques
La transition bas-carbone pourrait être source de nombreuses opportunités économiques. La création d'emplois dans les secteurs des énergies renouvelables, de la rénovation thermique et de l’agriculture durable est un des principaux bénéfices attendus. En outre, l'indépendance énergétique renforcée par le développement des énergies renouvelables pourrait permettre à la France de réduire ses importations d'énergies fossiles, et donc d’améliorer son équilibre commercial.
Réduction des inégalités et gains sociaux
Les gains en termes de qualité de vie sont également significatifs. Par exemple, la réduction de la pollution atmosphérique, induite par la baisse des émissions de GES, entraînera une amélioration de la santé publique (moins de maladies respiratoires). De plus, l'accès à des logements mieux isolés et plus économes en énergie permettra de réduire la précarité énergétique qui touche les ménages les plus vulnérables.
Défis de la mise en œuvre
Coûts et financement
Le principal défi de la mise en œuvre de la SNBC est d'ordre financier. Bien que les bénéfices économiques à long terme soient significatifs, les coûts initiaux pour la mise en place des infrastructures et pour accompagner les transitions dans les secteurs touchés sont importants. Cela implique une mobilisation des financements publics et privés, ainsi qu'une coordination à l’échelle européenne.
Acceptabilité sociale
La transition vers une économie bas-carbone impose des transformations sociales majeures. L’augmentation potentielle des prix de l’énergie, les changements dans les modes de vie et de consommation, ainsi que la réorganisation du travail dans les secteurs en transition (comme l’industrie ou l’agriculture) nécessitent un accompagnement fort pour garantir l’acceptabilité sociale.
Gouvernance et pilotage
Un autre enjeu majeur réside dans la capacité à suivre les progrès de la SNBC et à ajuster les actions en fonction des résultats observés. Cela implique la mise en place d’une gouvernance robuste, capable de coordonner les actions des différents acteurs (État, collectivités territoriales, entreprises, citoyens). Des indicateurs de performance doivent être établis pour mesurer l’efficacité des mesures mises en œuvre.
Conclusion : Le chemin vers 2050
La Stratégie Nationale Bas-Carbone constitue un cadre ambitieux et nécessaire pour faire face à la crise climatique. Bien que la mise en œuvre de la SNBC-2 présente des défis considérables, notamment en termes de financement et d'acceptabilité sociale, les bénéfices attendus, tant sur le plan économique que social, sont prometteurs. La France se positionne ainsi comme un acteur majeur de la lutte contre le réchauffement climatique, mais la réussite de cet objectif dépendra de l’engagement collectif de tous les acteurs.
