Le rapport du Shift Project sur la décarbonation du secteur de la santé en France présente un état des lieux alarmant : le secteur est responsable de 8 % des émissions de CO2 du pays, soit 49 millions de tonnes de CO2 par an. Ce chiffre est similaire à celui des transports aériens. Pour réduire cette empreinte, le projet propose une réduction annuelle des émissions de 5 % d'ici à 2050.
Le constat : des émissions massives et un secteur énergivore
Les hôpitaux, cliniques et autres infrastructures médicales sont parmi les plus grands consommateurs d'énergie. Cette consommation ne se limite pas à l'électricité ou au chauffage, mais concerne également les équipements médicaux (IRM, blocs opératoires) et la gestion des flux logistiques (transports, stérilisation, livraison de médicaments). En moyenne, les hôpitaux consomment trois fois plus d'énergie qu’un bâtiment classique. Les émissions liées à la production des médicaments, des dispositifs médicaux et à la gestion des déchets sont également massives. Les soins intensifs et la chirurgie, en particulier, sont des postes très énergivores.
Recommandations pour la décarbonation du secteur
Prévention des maladies : La réduction de la demande de soins est un levier clé pour décarboner le secteur. Promouvoir un mode de vie sain, prévenir les maladies chroniques comme le diabète et les maladies cardiovasculaires permettrait de réduire le recours aux soins intensifs. Cette approche pourrait entraîner une réduction de 20 % des émissions liées à la santé d'ici 2030.
Sobriété énergétique des infrastructures : Le rapport propose de rendre les bâtiments de santé moins énergivores. Cela passe par une rénovation thermique massive des hôpitaux et cliniques, l'intégration d'énergies renouvelables (panneaux solaires, géothermie), et une meilleure gestion des équipements (réduction des appareils en veille, optimisation des systèmes de chauffage et de climatisation). Le Shift Project estime que ces mesures permettraient de diminuer de 40 % les consommations énergétiques des infrastructures de santé d’ici 2050.
Réduction des consommations de ressources : Il est proposé de développer des solutions pour limiter le gaspillage des équipements médicaux, notamment à usage unique. La réutilisation de certains dispositifs médicaux après stérilisation et la mutualisation des équipements pourraient aussi contribuer à une baisse significative de l’empreinte carbone. Par exemple, une meilleure gestion des équipements de diagnostic (IRM, scanners) pourrait réduire leur usage de 30 % d’ici 2030.
Transport des patients et personnel : Une rationalisation des déplacements des patients et des personnels médicaux (téléconsultation, soins à domicile) permettrait de limiter l’impact environnemental des transports associés aux soins. Cela pourrait représenter une réduction des émissions liées au transport de 20 % d’ici 2030.
Formation et sensibilisation : Le rapport souligne l'importance de former les professionnels de santé aux pratiques écologiques. En modifiant certaines habitudes (réduction des anesthésiques volatils, optimisation des ressources), les émissions pourraient être réduites de manière significative. Une sensibilisation générale du personnel pourrait entraîner une baisse de 10 % des émissions directes des établissements de santé.
Recherche et innovation : Le Shift Project encourage le développement de nouvelles technologies médicales moins énergivores et moins polluantes. Cela inclut des innovations dans le domaine des matériaux utilisés pour les dispositifs médicaux, des nouveaux protocoles thérapeutiques et des systèmes d'information hospitaliers plus efficaces en termes de consommation énergétique.
Chiffres cibles :
Réduction de 5 % par an des émissions de CO2 du secteur de la santé jusqu’en 2050.
Réduction de 20 % des soins curatifs grâce à la prévention d’ici 2030.
Réduction de 40 % de la consommation énergétique des infrastructures médicales d’ici 2050.
Réduction de 30 % de l'utilisation des équipements médicaux lourds d’ici 2030.
Réduction de 20 % des émissions liées aux transports médicaux d’ici 2030.
Conclusion
Le rapport met en avant l'importance de transformer en profondeur le secteur de la santé pour l'adapter aux défis environnementaux actuels. La transition vers un système de santé bas-carbone implique des changements à tous les niveaux, de la prévention à la gestion des infrastructures, en passant par l'optimisation des ressources. Les chiffres proposés témoignent d'une ambition forte, nécessaire pour limiter l'empreinte environnementale du secteur tout en continuant à offrir des soins de qualité.
